Randonnée au Vignemale – 24/07/2019
il est 2h30 du matin, direction le Vignemale à 3298m.
je marche d’un pas décidé vers le barrage d’Ossoue, à une demi-heure de la voiture, et je place ma frontale en mode liseuse pour ne pas réveiller les quelques bivouacs. je poursuis seul dans la nuit, au son des cascades que je devine à peine, pour arriver au pont de glace. Petite analyse de la bête qui est bien fondue, je trouve un passage sans risque et c’est plié. la température est idéale, les étoiles brillent, la lune éclaire le chemin, je croise un surmulot. Un peu plus loin, 2 petits yeux brillants tapient dans une cavité m’observent, et finalement j’arrive aux 3 premières grottes. je ne vais pas les explorer, je ne voudrais pas réveiller des randonneurs qui se seraient mis à l’abri. Un peu plus loin, un bivouac se réveille, je les salue rapidement. mon chemin bifurque avant d’arriver au refuge, il y a un sacré devers, ce n’est plus un chemin, on marche à flanc de roche. Il est 6h12, je suis au pied du glacier, le soleil se lève, je suis dans les temps et le premier, je me sens bien, ma journée ne fait que commencer. Crampons aux pieds, piolet en main, j’entame l’ascension, pas de traces de crevasses, c’est parfait.
A mi glacier je suis rattrapé par un Tarnais, nous réalisons l’ascension ensemble. Il est en mode hyper léger, mini sac, chaussures de trail avec crampons. Je pense qu’il a eu raison, que c’était bien suffisant comme matériels. Arrivés en haut du glacier, on explore une crête pour atteindre le sommet, mais visiblement il faut faire l’ascension 150 mètres plus bas. on rechausse les crampons et on arrive enfin à la bonne voie. Mon compère commence à grimper puis disparaît. De mon côté je cherche une voie plus simple, et je suis rejoint par une autre personne qui ne parle pas trop français. on dépose tout le matériel au pied de la paroi et on enfile nos casques. on commence à grimper tranquillement, puis très vite on se retrouve dans un endroit scabreux. Mais qu’est-ce qu’on fait accrocher une falaise sans corde. Le stress monte, on retourne dans un endroit plus sécurisé. le Tarnais nous fait signe depuis le sommet, il redescend et nous indique un chemin. « regarde les pierres, ça fait comme des escaliers ». je me concentre, ma respiration est à la hauteur de mon pied montagnard. Je pense même abandonner. mon compère étranger m’attend, il préfère grimper à deux. j’avance rocher pas rocher, et à 15 mètres de la crête, la pente s’atténue, c’est plus facile. On est sur la crête, il y a un énorme vide des 2 côtés, on en a plus rien à faire, on se dirige vers le sommet comme des fous, on se serre dans les bras, ivre de joie et de bonheur. La vue ici est sans commune mesure, et après avoir eu quelques pensées, je fais connaissance avec Dwight, un américain, mais aussi espagnol de cœur.
La descente est étrangement plus facile, on fait attention de ne surtout pas faire tomber de pierre pour ceux en dessous. un peu plus loin je croise un gars en galère comme moi à l’aller, je tente de trouver quelques mots pour le motiver. Nous partons déjeuner avec Dwight l’américain-espagnol sur le glacier, afin de nous éloigner des chutes de pierres. On échange sur nos vies qui ont quelques points communs.
Pour la descente du glacier, je suis avec Dwight et un couple de Seine-et-Marne, nous prenons le côté le plus raide. Soudain Dwight s’assoit, plante son piolet, lèves les jambes, et il dévale jusqu’en bas. je regarde le couple qui discute : « On va faire pareil ». Ok, c’est parti pour faire de la luge sur les fesses sur la plus grande piste que j’ai jamais vu wawoooouuuu. Au sortir du glacier, Dwight doit partir chercher ses affaires au refuge pour se rendre ensuite dans un autre refuge. Après ce partage intense, on se dit au revoir non sans une pointe d’émotion : « Good bye my Friend ». j’abandonne le couple de Seine-et-Marne un peu plus bas aux grottes, et j’entame une longue descente, je suis carbonisé, je n’avance plus, j’ai mal partout. En guise de consolation, je découvre les paysages que je n’ai pas vu dans le noir, et des marmottes m’encouragent. Il est environ 14h30, j’ai marché 12 heures, me suis dépassé, fais de belles rencontres, quelle aventure extraordinaire je viens de vivre!